La scène de premier contact dans les récits d\'exploration: les explorateurs français en Amérique du Sud

Detalhes bibliográficos
Ano de defesa: 2016
Autor(a) principal: Roy, Sébastien David Philippe
Orientador(a): Não Informado pela instituição
Banca de defesa: Não Informado pela instituição
Tipo de documento: Tese
Tipo de acesso: Acesso aberto
Idioma: fra
Instituição de defesa: Biblioteca Digitais de Teses e Dissertações da USP
Programa de Pós-Graduação: Não Informado pela instituição
Departamento: Não Informado pela instituição
País: Não Informado pela instituição
Palavras-chave em Português:
Link de acesso: http://www.teses.usp.br/teses/disponiveis/8/8146/tde-10082016-180747/
Resumo: Pourquoi de nombreux ethnologues ont-ils senti l\'obligation d\'écrire, en plus de leurs travaux scientifiques, un récit de nature littéraire ? Les monographies ethnographiques font généralement l\'économie du récit de la rencontre entre l\'ethnographe et l\'indigène -- l\'Indien d\'Amérique, par exemple. Or, non seulement la rencontre est un moment clé, dont dépend la réussite de l\'enquête de terrain, mais surtout, il semble bien qu\'elle recèle, en elle-même, des éléments essentiels de l\'expérience ethnographique. Jean Rousset a mis en lumière, en comparant de nombreux romans, la structure de la scène de rencontre, qu\'il divise en trois temps : l\'effet, l\'échange et le franchissement. D\'emblée, la rencontre de l\'explorateur et de l\'Indien se révèle originale par ses préliminaires : par son caractère anticipé, voire provoqué. Tous les éléments de ce que Rousset appelle la mise en place permettent de mieux determiner les conditions du premier contact, et de souligner l\'importance de la distance à laquelle se trouvent les protagonistes. L\'effet est déclenché par le regard : il s\'agit bien en cela d\'une « première vue » ; et on en reconnaît aussi toute la gamme des manifestations physiques. Néanmoins, cet effet n\'est pas provoqué par la perception immédiate d\'une miraculeuse affinité, mais par l\'observation de deux séries d\'éléments opposés : tout ce qui fait de l\'Indien, pour l\'explorateur, un être différent ; et tout ce qui, en même temps, en fait un être semblable. L\'effet mélange alors dans l\'explorateur deux sentiments également contradictoires : la répugnance et la reconnaissance. Dans l\'échange, on relève aussi toutes les modalités distinguées par Rousset, depuis les échanges heureux jusqu\'aux échanges trompeurs, où les malentendus peuvent entraîner les conséquences les plus tragiques. Cependant, la scène de premier contact met en avant l\'échange matériel, sous toutes ses formes, le don se révélant le plus propice à nouer une alliance entre l\'explorateur et l\'Indien. Enfin, le franchissement, dernière étape de la rencontre, exprime de manière symbolique l\'union des corps : au rapprochement qui autorise un contact physique, peuvent succéder différentes formes d\'appropriation de l\'Autre, comme l\'imitation ou encore l\'ingestion. Ainsi, l\'étude de la scène de premier contact permet d\'assimiler structurellement la rencontre de l\'explorateur avec l\'Indien à une rencontre amoureuse, tout en soulignant ses particularités. Surtout, elle permet de mieux comprendre pourquoi les ethnographes ont recours à l\'écriture littéraire : seule la littérature, en effet, peut faire coïncider deux dimensions apparemment contradictoires, et montrer combien s\'unissent, dans l\'Indien, l\'altérité la plus grande et la plus profonde similarité. Ce que révèle, finalement, la dimension amoureuse du premier contact, c\'est en fait un certain narcissisme : ce que l\'explorateur admire tant dans cet Indien si différent, c\'est le reflet de sa propre humanité.